CBD : Quand la promesse de bien-être cache des risques graves
- Jeanne Julé
- 10 juil.
- 5 min de lecture
Huiles, bonbons, e-liquides, gélules, chocolats, infusions… Le CBD s’affiche partout. Présenté comme une alternative naturelle au stress et à la douleur, il séduit une large partie de la population : jeunes, actifs, seniors, patients, sportifs… En quelques années, le cannabidiol est devenu l’ambassadeur tranquille du bien-être moderne.
Mais depuis 2024, une série de signaux d’alerte remet en question cette image paisible. Des intoxications en forte hausse, des substances interdites dissimulées, des effets secondaires graves et derrière tout cela, un marché où le flou profite souvent au danger.
Chez Vigicare, nous avons décidé de regarder les choses en face. Car la transparence est le premier réflexe de santé publique.
Le CBD, entre promesse naturelle et confusion réglementaire
Le cannabidiol (CBD) est une molécule issue du chanvre, sans effet psychotrope. Contrairement au THC, il ne provoque ni euphorie, ni addiction, ni modification de la conscience.
Son image rassurante lui a ouvert les portes de nombreux marchés : compléments alimentaires, cosmétiques, produits de vape, infusions, confiseries… Mais cette expansion rapide s’est faite au détriment de la lisibilité. Entre produits légaux, produits borderline et produits franchement illégaux, le consommateur ne sait plus à quoi s’en tenir.
Et pendant ce temps, les intoxications se multiplient.
Une vague silencieuse d’intoxications
Depuis début 2024, les centres antipoison (CAP-TV) et les centres d’addictovigilance (CEIP-A) rapportent une augmentation significative des effets indésirables liés à la consommation de produits contenant du CBD… ou se présentant comme tels.
Les symptômes observés sont loin d’être bénins :
Troubles digestifs : nausées, vomissements
Troubles neurologiques : somnolence, vertiges, perte de connaissance
Troubles psychiatriques : agitation, crises d’angoisse, hallucinations, idées suicidaires
Cas graves : convulsions, hospitalisation, coma
Certains cas impliquent des enfants ayant accidentellement ingéré des bonbons au CBD. D’autres concernent des adultes ayant consommé des e-liquides ou des fleurs enrichies sans le savoir avec des substances illégales.
Des produits trafiqués, mal étiquetés, mal contrôlés
Dans la majorité des cas recensés, le CBD n’est pas le problème en soi. C’est ce qu’on ajoute dans les produits, ou ce qu’on ne dit pas, qui rend les choses dangereuses.
Une étude menée par les CEIP de Lyon, Paris et Montpellier en 2023 est formelle :
8 produits sur 10 analysés contenaient une teneur différente de celle affichée
Des taux de THC supérieurs à 0,3 % ont été retrouvés
Des substances interdites comme le HHC, HHC-O, H4-CBD ou MDMB-PINACA ont été identifiées
Résultat : un consommateur pense prendre du CBD relaxant… et se retrouve exposé à des cannabinoïdes de synthèse puissants, parfois classés comme stupéfiants.
Le cadre légal : clair… mais peu appliqué
En France et en Europe :
✅ Le CBD est légal si le taux de THC est inférieur à 0,3 %.
❌ Les cannabinoïdes de synthèse sont interdits.
❌ Les produits alimentaires au CBD (gummies, chocolats, boissons...) ne sont pas autorisés à la vente.
❌ Les allégations thérapeutiques sont strictement interdites sans AMM ou preuve scientifique.
Malgré cela, des centaines de produits non conformes circulent librement, dans des boutiques, sur internet, ou dans des distributeurs automatiques. Le décalage entre la loi et le terrain est flagrant.
Enfants : les premières victimes invisibles
Le packaging coloré, les formats gourmands, les promesses douces… De nombreux produits au CBD sont conçus pour plaire. Parfois trop bien.
Des cas documentés d’intoxications pédiatriques ont conduit à des hospitalisations d’urgence après ingestion de bonbons au CBD, laissés à portée de main. L’effet peut être violent, imprévisible, et nécessiter une prise en charge lourde.
Un ourson gélifié laissé sur une table peut suffire à envoyer un enfant en réanimation.C’est un drame évitable.
Cannabinoïdes de synthèse : la vraie menace
Parmi les substances les plus préoccupantes identifiées dans les produits frauduleux figurent :
HHC (hexahydrocannabinol)
HHC-O, H4-CBD
MDMB-PINACA et autres dérivés de la famille des "NPS" (nouveaux produits de synthèse)
Créés en laboratoire pour imiter le THC, ces composés sont jusqu’à 10 fois plus puissants, avec un risque neuropsychiatrique et addictif majeur. Ils sont interdits, mais facilement accessibles.
Le danger ? Ils sont souvent vendus comme du CBD “puissant”, “nouvelle génération” ou “effet fort”, sans mention de leur composition réelle.
Tous les produits au CBD ne se valent pas
La forme de consommation influence directement le niveau de risque :
Inhalation (vape, fleurs) : effet rapide mais difficile à doser ; forte exposition en cas de produit contaminé
Ingestion (huiles, bonbons) : effet plus lent, souvent mal anticipé ; risque de surconsommation
Application cutanée (cosmétiques) : faible pénétration systémique, mais risques si la peau est fragilisée
Tous les formats sont concernés par les intoxications signalées. Aucune forme n’est anodine.
En cas d’effet indésirable : agissez immédiatement
Vous ressentez un malaise après avoir consommé un produit au CBD ? Voici quoi faire :
Si vous ressentez un effet anormal après consommation d’un produit CBD :
Stoppez immédiatement la prise
Appelez le 15 en cas de malaise grave
Contactez un centre antipoison : 01 45 42 59 59
Conservez le produit suspect (emballage, lot, flacon…)
Décrivez ce que vous avez ressenti sur vigicare.fr
Chaque signalement est précieux. Il peut permettre d’identifier un lot dangereux ou un circuit de distribution non conforme.
Déclaration possible aussi via : signalement.social-sante.gouv.fr
Vigicare : comprendre, comparer, agir
Vigicare n’est pas un simple outil de signalement.C’est une plateforme pensée pour vous aider à comprendre si le produit que vous avez consommé est en cause et si d'autres utilisateurs ont ressenti les mêmes effets.
Grâce à Vigicare, vous pouvez :
Décrire un effet suspect
Identifier le produit concerné
Savoir si d’autres personnes ont signalé des effets similaires
Aider à construire une base de données collective, utile pour tous
Vigicare ne remplace pas le site de déclaration du gouvernement, mais le complète intelligemment.Il donne aux consommateurs une vision claire, immédiate et partagée sur la sécurité réelle des produits.
Ce qu’il faut retenir
Le CBD légal et bien formulé existe. Mais il est aujourd’hui noyé dans une offre opaque, instable et parfois criminelle.
L’explosion des cas d’intoxications n’est pas une fatalité, mais le symptôme d’un marché sans contrôle.
Les autorités agissent, mais la vigilance citoyenne est indispensable.
Informer, alerter, signaler : voilà les armes les plus puissantes que nous ayons.
Parce que le CBD n’est pas un problème. Mais l’absence de transparence, si.
Chez Vigicare, nous faisons le choix de regarder la réalité en face.
Et de faire de la vigilance un outil de santé publique, simple, fiable et partagé.
Et que chaque déclaration, chaque article, chaque lecture comme celle-ci, peut sauver des vies.
Sources :
ANSM – Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé : https://ansm.sante.fr
ANSES – Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail : https://www.anses.fr
OFDT – Observatoire français des drogues et des tendances addictives : https://www.ofdt.fr
CEIP-A – Centres d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance – Addictovigilance : https://addictovigilance.fr
CAP-TV – Centres antipoison et de toxicovigilance : https://www.centres-antipoison.net
MILDECA – Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives : https://www.drogues.gouv.fr
DGCCRF – Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes : https://www.economie.gouv.fr/dgccrf
Dispositif SINTES (produits analysés) – OFDT : https://www.ofdt.fr/ofdt/fr/ttn/sintes
Signalement des effets indésirables – Ministère de la Santé : https://signalement.social-sante.gouv.fr
Drogues Info Service – Écoute, aide et information : https://www.drogues-info-service.fr
Règlement (UE) n°2015/2283 relatif aux nouveaux aliments : https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=CELEX%3A32015R2283
Vigicare – Plateforme de signalement et d’information citoyenne : https://www.vigicare.io







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